Gravures dans l'Histoire des Canadiens-Français

Benjamin Sulte

Tecumseh [Tech-kum-thai] (vers 1768-1813)

également orthographié Tecumtha ou Tecumsa

par Mélanie Carle, étudiante,
baccalauréat en histoire de l'art, Université du Québec à Montréal,
décembre 2001.

 

Tecumseh est né vers 1768 en Ohio. Il participe au trois guerres qui ont suivi la Révolution américaine et y laisse sa vie le 5 octobre 1813 dans la bataille de Moraviantown. Il commence en tant qu'éclaireur dès la deuxième bataille en 1791, et devient chef de bande après quelques années de combat. Tecumseh est un guerrier indien intelligent et perspicace qui se bat pour sauver ses terres. Vers 1808, Tecumseh fait la correspondance britannique pendant la guerre entre les États-Unis et la Grande-Bretagne. L'année suivante il diffuse son message aux indiens d'unir leur force pour ne pas laisser empiéter leur territoires indiens par les américains, et de perdre leurs traditions indiennes. Son rêve était d'avoir une grande confédération indienne, s'étendant des Grands Lacs jusqu'au Mexique. Malheureusement cette vision mourut avec lui.

Le 7 novembre 1810, une bataille éclate entre les américains et les indiens. Personne ne gagne, les pertes sont égales de chaque côté. Tecumseh ne perd pas espoir, surtout après avoir vu les cadavres de ses amis. Il continue de se battre loyalement aux côtés des Britanniques dans le Haut-Canada avec le commandant Brock. La guerre contre les Américains en 1812 commence très mal mais se termine en 1814 par un triomphe.

« Nos vies sont entre les mains du Grand Esprit. Nous sommes déterminés à défendre nos terres et nous laisserons nos os sur celle-ci, si telle est sa volonté. » (Tecumseh au fort Walden, septembre 1813)

Tecumseh est un personnage attachant de la guerre 1812. Les Britanniques, ses alliés, le considèrent comme un héros qui collabora à la sauvegarde du Haut-Canada. De leur côté, ses adversaires américains portent un grand respect pour ce guerrier qui s'est battu courageusement. On dit de lui qu'il n'a jamais laissé maltraiter ses prisonniers. Il s'est engagé dans la guerre pour protéger les intérêts des Autochtones et non ceux des Britanniques en Amérique du Nord.

«  Tecumseh. Benson J. Lossing's engraving, adapted from a drawing said to have been made from life by Pierre Le Dru. Because Tecumseh was erroneously believed to have been a brigadier-general in the British army and certainly possessed a uniform coat, Lossing replaced the indian costume with regimentals. No fully authenticated portrait of Tecumseh exists (Sugden 1997). »

Comme on a cru longtemps qu'il était dans l'armée britannique, l'habit que porte Tecumseh sur la gravure de Lossing serait erroné. Il ne devrait pas porter le manteau du régiment britannique mais un uniforme fait en peau de daim, comme le décrit le capitaine Glegg. Aucun portrait authentifié de Tecumseh existe.

La gravure de Tecumseh dans l'ouvrage de Benjamin Sulte est peut être inspirée des travaux de George Catlin et de Paul Kane. George Catlin et Paul Kane ont travaillé sur une série de tableaux et de croquis représentant la vie indienne. En mai 1846, la compagnie de la Baie d'Hudson finance le projet de Paul Kane d'aller peindre au Canada. Il a peint une série de tableaux décrivant le mode de vie des indiens et il a dessiné environ 500 croquis sur une période de trois ans.

 Anonyme, Tecumseh [Tech-kum-thai] (vers 1768-1813), gravure, Sulte 1882-1884, pour la référence voir la table de concordance.

De plus, le capitaine John B. Glegg a fait dans l'un de ses rapport au général Brock, une description physique de Tecumseh qui aurait pu aider l'artiste à illustrer le portrait de Tecumseh.

« Tecumseh est d'apparence générale très avenante; son corps est élancé et bien proportionné. Il doit avoir autour de trente-cinq ans. Il fait entre cinq pieds neuf pouces et cinq pieds dix pouces (1 m 78). Il a le teint légèrement cuivré. Son visage est ovale avec des yeux noisette pétillants de gaieté, d'énergie et de détermination. Il porte trois petites couronnes d'argent suspendues au cartilage inférieur de son nez aquilin, et un grand médaillon à l'effigie de Georges III, attaché à une corde wampum colorée, pend à son cou. Simple et propre, l'uniforme qu'il porte est fait d'une veste en peau de daim tannée et d'un long pantalon fait du même cuir. Les coutures de ces deux vêtements sont couvertes d'une frange bien coupée. Il chausse des mocassins de cuir richement ornés d'aiguillons de porcs-épics teints (Glegg 1831-1985). »

Grâce au document rédigé par le capitaine John B. Glegg, on a une excellente description physique de Tecumseh ainsi que des vêtements qu'il portait. On peut donc affirmer qu'il y avait vraiment une erreur sur l'habit que porte Tecumseh dans la gravure de Lossing mais qu'il avait raison de bien illustrer le médaillon que portait Tecumseh.

 

Bibliographie supplémentaire

Edmunds, R. David, Tecumseh and the Quest for Indian Leadership. Boston, Edited by Oscar Handlin, 1984, 234 pages.

Raymond, Ethel T., Tecumseh, a Chronicle of the last Great Leader of his People, Toronto, University of Toronto press, 1964, 206 pages.

Dippie, Brian W., Catlin and this Contemporaries, New-York, National Eddowment for the humanities, 553 pages.

  

Recherches complémentaires

par Robert Derome
« Le combat et la mort de Tecumseh ont hanté, jusqu'à nos jours, l'imagination des poètes du Canada. [...] Pendant tout le cours du XIXe siècle, les historiens du Haut-Canada qui ont écrit sur la guerre de 1812 ont fait de Tecumseh l'un des héros de ce conflit, au point qu'il prit place, dans la mythologie, aux côtés de Brock, de Laura Secord [Ingersoll*] et de la milice canadienne. [...] Cette vénération, inspirée par les goûts de l'époque, eut deux conséquences sérieuses : elle encouragea l'embellissement sans discernement, par le recours aux ouï-dire et à l'invention pure, de l'image de Tecumseh, et elle détourna les historiens d'étudier les motifs de son action. [...] Le portrait de Tecumseh reconnu pour être une bonne représentation de lui est celui peint par le trafiquant Pierre Le Dru en 1808. Son authenticité s'appuie sur des preuves indirectes : Le Dru fit aussi une ébauche de Prophet à la même époque, et celle-ci ressemble beaucoup à une peinture d'après nature du même personnage, exécutée plus tard par George Catlin. Si le personnage qu'on peint Catlin et Le Dru est le même, il y a de fortes probabilités que le Tecumseh de Le Dru soit aussi un portrait ressemblant. Cette ébauche de Tecumseh, qui apparaît dans B. J. Lossing, The pictorial field-book of the War of 1812 [...] (New-York, 1869) et qui est reproduite dans l'étude de James Mooney, « The ghost-dance religion and the Sioux outbreak of 1890 », Smithsonian Institution, Bureau of American Ethnology, Annual report (Washington), 1892-1893, 2e part., 1896, est une composition : la tête provient d'une oeuvre de Le Dru et les épaules d'un dessin probablement inauthentique d'un artiste inconnu (Herbert C. W. Goltz Jr dans le DBC, vol. V, p. 881). »

 « LE DRU, PIERRE Portraitiste et commerçant. Pierre Le Dru (parfois Ledru), commerçant à Québec, se rendit vers 1808 à Vincennes (Indiana), où il dessina le portrait du chef amérindien Tecumseh ainsi que celui de son frère, que l'on appelait Le Prophète. Ces dessins, gravés sur bois, furent publiés par B. J. Lossing à New York en 1869 dans le The Pictorial Field-Book of the War of 1812, opuscule où sont inventoriés les principaux acteurs et événements du conflit. Les originaux appartenaient encore au fils de l'artiste en 1848 à Québec (Karel 1992, p. 483). »

« The portrait of the Prophet is from a pencil sketch made by Pierre Le Dru, a young French trader, at Vincennes, in 1808. He made a sketch of Tecumtha at about the same time, both of which I found in possession of his son at Quebec in 1848, and by whom I was kindly permitted to copy them. That of Tecumtha will be found in Chapter XIV. Owing partly to his excessive dissipation, the Prophet appeared much the elder of Tecumtha (Lossing 2001, chapitre X, note 5, voir aussi Lossing 1982). »

Benson J. Lossing, Portrait de Prophète, gravure dans Lossing 2001, chapitre X.

Charles Bird King after James Otto Lewis, Tenskwatawa, the Prophet, Brother of Tecumseh (Conner web).
Artiste inconnu, Portrait de Prophète (Moments in History, American Indian Selection, Tecumseh).

 

1869

« The portrait of Tecumtha above given is from a pencil sketch by Pierre le Dru, mentioned in note 1 [il s'agit en fait de la note 5], page 189. In this I have given only the head by Le Dru. The cap was red, the hand ornamented with colored porcupines' quills, and in front was a single eagle's feather, black, with a white tip. The sketch of his dress (and the medal above described), in which he appears as a brigadier general of the British army, is from a rough drawing which I saw in Montreal in the summer of 1858, made at Malden soon after the surrender of Detroit, where the Indians celebrated that event by a grand feast. It was only on gala occasions that Tecumtha was seen in full dress. The sketch did not pretend to give a true likeness of the chief, and was valuable only as a delineation of his costume. From the two we are enabled to give a pretty faithful picture of the great Shawnoese warrior and statesman as he appeared in his best mood. When in full dress he wore a cocked hat and plume, but would not give up his blue breech-cloth, red leggins fringed with buckskin, and buckskin moccasins (Lossing 2001, chapitre XIV, note 35, voir aussi Lossing 1982). »

Benson J. Lossing, Tecumtha, gravure dans Lossing 2001, chapitre XIV.

1875

Benjamin J. Lossing d'après Pierre Le Dru en 1808 à Vincennes, Tecumseh, 1875, gravure, Museum of the American Indian (Ottmar Ederer,  « Tecumseh - der geniale Shawano », Wontolla's Reservation).

Avant 1886

Zacharie Vincent (1815-1886), Tecumseh  Huron, avant 1886, dessin au fusain, 27,9 x 21,6 cm, Montréal, Musée du Château Ramezay, MCR1998.549.20.

1894 ?

Anonyme, Tecumseh, 1894 ?, huile sur toile ?, given in 1894 by the grandniece of William Clark, the explorer and Gen. George Rogers Clark, Chicago, Field Museum [founded in 1893, known as the Columbian Museum of Chicago and from 1943-66 as the Chicago Natural History Museum] (Source 1 ; Source 2)

1894

Chapin, Tecumseh Defends The Whites At Fort Meigs, gravure, 1894 (Ottmar Ederer,  « Tecumseh - der geniale Shawano », Wontolla's Reservation).

vers 1943-1953

Frederick H. Brigden (1871-1956), Tecumseh, vers 1943-1953, gravure (Source 1 ; Source 2 ; Source 3).

XXe siècle ?

Anonyme, Tecumseh, XXe siècle ?, gravure, Amerikanisches Archiv für Zeichnungen, (Ottmar Ederer,  « Tecumseh - der geniale Shawano », Wontolla's Reservation).

XXe siècle

Robert Ottokar Lindneux (1871-1970), Tecumseh, XXe siècle, medium inconnu, Woolaroc Museum Bartlesville, Oklahoma (Ottmar Ederer,  « Tecumseh - der geniale Shawano », Wontolla's Reservation ; AskArt)

Inconnu

Anonyme, Tecumseh, date inconnue, huile sur toile ? (Source inconnue, voir aussi David Morris, History comes alive : Tecumseh).

Pour un inventaire des autres oeuvres concernant Tecumseh dans les collections candiennes voir Artefacts Canada.

 

web Robert DEROME

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